LES MURS A PÊCHES

Aujourd’hui, je vous emmène à la découverte d’un endroit un peu spécial à Montreuil, un chouette endroit qui est, on pourrait dire, comme en voie de disparition…
Le 15e festival des murs à pêches aura lieu ce week-end, et comme un peu de culture (d’agriculture ?) ne fait pas de mal, je me suis dit que c’était l’occasion de vous faire découvrir cet endroit et de vous raconter son histoire… En route !

Les murs à pêches ont été créés au XVIIe siècle et se sont développés jusqu’au XIXe siècle à Montreuil. A l’époque, Montreuil était une ville largement agricole, qui alimentait Paris en légumes et surtout en fruits. La réputation des pêches de Montreuil les a même conduites à la Cour de France, et à la table des tsars de Russie !

Ce type de culture bien particulier, que l’on a appelé « murs à pêches », est unique en son genre avec celui que l’on retrouve au chasselas de Thomery (près de Fontainebleau). Je ne vais pas vous faire un cours d’agronomie, mais en gros, les murs ont été construits de manière à délimiter de petites parcelles longues et étroites, orientées nord-sud pour profiter au maximum de l’ensoleillement. Les pêchers étaient « palissés », c’est-à-dire maintenus contre les murs et aussi au centre des parcelles, grâce à des sortes de ficelles appelées « loques ».

Au fur et à mesure de la croissance des pêchers, les murs étaient talochés avec du plâtre, ce qui leur permettait de dégager durant la nuit la chaleur emmagasinée lors de la journée. Cela a permis de développer en Ile-de-France, des cultures qui se plaisent habituellement plutôt dans le sud de la France… tout cela grâce au savoir-faire exceptionnel développé par les arboriculteurs montreuillois de l’époque, dont on s’inspire encore aujourd’hui.

Ça, c’était pour la partie sympa de l’histoire. Car à partir de la fin du XIXe siècle, avec le développement du chemin de fer, la production de pêches à Montreuil s’est écroulé. Les pêches de Provence les ont sérieusement concurrencées, car elles pouvaient arriver mûres à Paris bien plus tôt, et à moindre coût. La ville a progressivement repris ses droits sur les parcelles, réduisant les quelques 600 km de murs à pêches originaux, à seulement 17 km aujourd’hui, en très mauvais état.

L’absence d’un projet global de mise en valeur a effectivement mis le site en péril. En 1994, la zone est déclarée urbanisable à 80%, alors qu’elle était auparavant protégée. En 2003, quelques hectares (seulement) ont été finalement classés au titre des « Sites et Paysages ».

Plusieurs associations se battent aujourd’hui pour sauvegarder les murs à pêches, les restaurer, les mettre en valeur et les faire vivre. Notamment à travers le festival des murs à pêches, c’est pourquoi je vous encourage fortement à aller y faire un tour ! Toutes sortes d’activités sont organisées : théâtre, art de rue, ateliers, expositions, dégustations, visite guidée… Tout le programme détaillé est disponible ici.

Sinon, vous pouvez aussi aller visiter librement le site tous les dimanches après-midis le reste de l’année. Personnellement, je suis tombée sous le charme sauvage de cet espace de verdure enclavé dans la ville. Je n’habite pas Montreuil depuis suffisamment longtemps pour me sentir « montreuilloise » à proprement parler, mais je crois que cet endroit va contribuer à me faire aimer un peu plus cette ville. La « prairie » me semble être un spot idéal pour un petit pique-nique…

Alors, ça vous tente ? Je vous souhaite en tout cas un très bon week-end, ensoleillé je l’espère, et je vous dis à très bientôt ! La semaine prochaine risque d’être piquante… mais je n’en dis pas plus !